Comment réussir vos présentations sans utiliser de notes
Comment réussir vos présentations sans utiliser de notes
J’ai assisté l’autre jour à une conférence où l’intervenant a utilisé des notes. Malgré toute la sympathie que m’inspirait cette personne, j’ai eu un mal fou à suivre cette présentation car lire ses notes sur scène implique de rompre en permanence le lien avec votre public. Plusieurs fois par minute, le flot est interrompu, le contact visuel est perdu, et cette poignée de secondes durant laquelle le conférencier consulte le prochain paragraphe suffit pour que l’attention des gens soit happée par une notification sur leur écran de smartphone.
Cela m’a rappelé que j’ai été confronté au même problème, puisque j’ai donné de nombreuses conférences — si vous étiez présent — au cours desquelles, notamment à mes débuts pour me rassurer, j’ai utilisé des notes. Les retours des personnes présentes ne mentent jamais : c’est bien mieux sans et j’ai dû apprendre à m’en passer.
Le piège de travailler à l’écrit lors de vos présentations
On prend des notes généralement pour se rassurer au cas où on perdrait le fil en cours de route. Seulement voilà, lorsque l’on prépare une intervention et que l’on veut prendre des notes, on commence à travailler à l’écrit et forcément on se met à taper son texte au mot près, exactement comme on aimerait qu’il sorte.
Il faut savoir que l’on est toujours plus malin à l’écrit qu’en direct. On se retrouve donc avec un matériel impossible à mémoriser car trop dense et dans un style souvent incompatible avec l’oral. La présentation devient alors un exercice d’équilibre permanent pour ne pas perdre le fil de son discours. Je vous promets qu’il est plus stressant de devoir chercher où l’on est dans son texte sans réussir à retrouver cette maudite ligne qui, si elle n’est pas lue, fait perdre tout son sens au propos, qu’à évoluer en construisant ses phrases en direct.
Ne sous-estimez pas votre cerveau lors de vos présentations orales
La peur du public est glaçante et même quand vous avez l’habitude de parler devant plusieurs centaines de personnes, elle se transforme au mieux en vertige. Il est normal d’avoir peur; toutes les personnes qui font de la scène ont peur, elles apprennent simplement à faire avec, tout comme vous.
Cette peur naturelle ne doit pas vous faire sous-estimer votre cerveau. Vous êtes capable de former des phrases intelligibles lorsque vous discutez avec vos amis; cette fonctionnalité qu’est le langage ne va pas disparaître subitement. Ne cherchez pas à la remplacer par une feuille de papier. Vous remplacerez une chose peu coûteuse en temps de cerveau (formuler une phrase) par une chose plus complexe (la lire) ou encore plus complexe (s’en souvenir).
Votre mémoire, en revanche, est faillible. Ne lui faites pas trop confiance, sauf si la présentation dure une quinzaine de minutes et que vous avez le temps de la répéter une dizaine de fois. Ce n’est donc pas un texte que vous devez retenir mais des idées. Certes, vous n’allez sans doute pas briller à chaque paragraphe, mais la forme devant un public est primordiale pour retenir l’attention et faire passer une idée d’un point A (votre cerveau) à un point B (le leur). C’est sur elle que vous devez vous concentrer pour que les gens vous suivent, et ce sera plus facile sans accéder en permanence à votre mémoire ou à votre feuille de papier. En improvisant, votre discours sera plus vrai, plus naturel, plus facile à assimiler.
Comment préparer une conférence sans notes
La première chose qui va vous garantir de faire une bonne présentation, c’est le choix du sujet : parlez de ce que vous connaissez ! Cela peut sembler évident, mais c’est la chose la plus importante et la garantie de toujours savoir quoi dire et de ne pas vous faire déstabiliser par la question d’un petit malin. On voit souvent ce genre de malaise chez les politiques qui, à cause de l’actualité, doivent jongler en urgence avec de nouveaux sujets qu’on suppose qu’ils maîtrisent. Mais ils ne sont que des humains et, sortis des éléments de communication qu’ils ont appris par cœur, ils sont aussi perdus que vous.
Pour préparer votre présentation, faites une liste de quelques idées. Elles doivent tenir en quelques mots et s’enchaîner logiquement : c’est la structure de votre présentation que vous devez connaître par cœur. Chacun de ces points doit être suffisamment simple pour être traité en moins de dix minutes. Un développement trop long vous ferait perdre l’attention du public.
C’est à l’oral que vous allez travailler et non à l’écrit. Même si à l’issue de cette répétition parlée vous n’avez pas la sensation d’avoir mémorisé un texte par cœur, vous aurez parcouru le chemin (et souffert en silence). Pour chaque idée, il y aura sans doute un élément concret que vous voudrez que votre audience assimile et que vous devrez apprendre par cœur : un résultat, un exemple, une statistique ou une citation. Évitez de les multiplier; votre public ne peut de toute façon pas retenir une grande quantité d’informations.
Quand vous tenez votre structure, vous pouvez travailler sur les transitions. Ce sont des moments clés où vous relâchez le public et mobilisez à nouveau son attention pour la prochaine partie. Cela, vous pouvez l’écrire, mais vous devez le dire également, car encore une fois, c’est la forme qui prime, et c’est seulement en la prononçant que vous saurez si votre phrase fonctionne et que vous pourrez vous l’approprier.
Parler en public, c’est un domaine dans lequel on progresse à chaque expérience. Votre présentation ne sera jamais parfaite, surtout pas la première. Acceptez-le et soyez authentique.
Commentaires (2)
Kevin
Entiérement d’accord, ceci dit pour être un orateur, il faut aussi travailler le language corporel 😉
Yann Piette
Bien sûr Kévin, mais c’est plus facile à maîtriser que l’oral. La base : se tenir droit et occuper l’espace.