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Comment avoir de l’humour : je décortique Kev Adams

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Aisance sociale

Comment avoir de l’humour : je décortique Kev Adams

Kev Adams, cool ? Drôle ? C’est ce que de nombreux internautes semblent découvrir – ou redécouvrir – depuis qu’un de ses sketches en anglais tourne sur les réseaux sociaux. Dans cette vidéo :

j’ai décortiqué cette performance virale et analysé ce qui fonctionne dans son humour, et surtout pourquoi ça fonctionne. Car au-delà du cas Kev Adams, c’est une masterclass pour comprendre les rouages de l’humour moderne et améliorer soi-même sa façon de faire rire.

Pourquoi Kev Adams fait (enfin) rire ?

Sous la vidéo en question, les commentaires sont clairs :

“Mec t’es vraiment plus drôle en anglais, c’est abusé.”
“Il suffisait juste de changer la langue ?”
“Mais en fait il est drôle ?”

Depuis ses débuts dans la série Soda, Kev Adams s’est imposé dans le paysage français avec un style très marqué : blagues pour ados, grimaces, énergie débordante. Résultat : une énorme popularité, mais aussi une réputation tenace d’humoriste “grand public” peu prisé par les amateurs de stand-up plus ciselé. Alors, qu’est-ce qui change quand il monte sur scène à Los Angeles ?

C’est ce qu’on va explorer ici : comment le même humoriste peut provoquer le rejet en France et l’adhésion aux États-Unis. Spoiler : ce n’est pas juste une question de langue, c’est une question de delivery, de contexte, et surtout de personnage.

L’humour, c’est un personnage

Tous les humoristes interprètent un personnage. Même s’ils prétendent parler d’eux-mêmes, ce “moi” est une version retravaillée, amplifiée, stylisée. Kev Adams n’échappe pas à la règle. Le personnage qu’il jouait en France – celui du jeune mec rigolo, hyper expressif, sympathique – ne fonctionnait plus auprès d’un public adulte. Il s’était enfermé dans une image.

En changeant de pays, il saisit une opportunité rare : repartir de zéro. Aux États-Unis, il peut reconstruire un nouveau personnage, celui du Frenchy, de l’étranger avec un regard amusé sur l’Amérique. Et ce rôle lui va bien : il peut capitaliser sur ses qualités d’acteur, ses mimiques, son énergie sans être catalogué.

🧠 Leçon à retenir : pour avoir de l’humour, il faut choisir son personnage. C’est lui qui va porter votre manière de faire rire. Vous pouvez être le pince-sans-rire, le naïf, le provocateur… mais il faut que ce soit clair.

L’humour, c’est une langue

Deuxième transformation : la langue. Et ici, le constat est simple : ce qui ne passe pas en français peut cartonner en anglais.

Pourquoi ? Parce que l’humour anglo-saxon valorise l’exagération, la mise en scène, la capacité à “performer” une blague. Là où l’humour français reste souvent plus littéraire, plus sec, plus basé sur le texte, l’humour américain est un show. Un bon humoriste est avant tout un bon acteur.

Kev Adams, justement, excelle dans le jeu physique. Il surjoue, grimace, change d’intonation à chaque phrase. En France, on lui a reproché ce style “ado”. Aux US, c’est une qualité. Il rentre dans le moule du stand-up américain sans renier sa nature.

🧠 Leçon à retenir : adaptez votre humour à votre audience. Ce qui fait rire à Paris ne fait pas forcément rire à New York. Et inversement.

L’humour, c’est du rythme

Dans le sketch que j’ai analysé, Kev Adams parle d’un trajet en voiture jusqu’à Vegas. Sur le papier, c’est une anecdote banale. Mais sur scène, il en fait un moment drôle – non pas grâce au fond, mais grâce au rythme.

Il enchaîne six intonations différentes en 40 secondes. Il place le contexte, imite l’Américain enthousiaste, simule une recherche Google, marque l’étonnement… Chaque changement vocal crée une relance dans l’attention du public. On ne s’ennuie jamais. Le sketch devient musical.

🧠 Leçon à retenir : la voix est une arme d’envoûtement. Travailler vos intonations, vos silences, vos accélérations, c’est ce qui transforme une blague moyenne en moment marquant.


L’humour, c’est une vérité exagérée

Alors pourquoi cette blague marche-t-elle, malgré sa simplicité ? Trois lois fondamentales sont respectées ici :

1. Une vérité universelle

Tout le monde a déjà vécu ça : ce qui semble “juste là” pour un Américain, c’est un changement de pays complet pour un Européen. Le public peut s’identifier immédiatement.

2. Une appropriation personnelle

Kev Adams ne raconte pas une blague entendue, il parle d’un truc qui lui est arrivé. Il l’incarne. Et ça change tout. On connecte bien plus facilement à une histoire vécue qu’à une blague de “cousin d’un pote”.

3. Un contraste exagéré

Le rire naît souvent de l’écart. Ici, l’écart entre les distances perçues aux US et en Europe. Il exagère cette différence à fond. Et l’exagération, c’est le carburant du comique.

🧠 Leçon à retenir : faites simple, mais vrai. Puis poussez le curseur. Prenez une situation banale, ajoutez une dose de jeu, d’incarnation, et poussez le contraste.

L’humour, c’est une mise en scène

Ce que ce sketch révèle aussi, c’est une maîtrise technique du “delivery”. En anglais, on parle de delivery pour désigner la façon dont une blague est livrée. Ce terme dit bien ce qu’il veut dire : livrer quelque chose.

Comme un vendeur qui adapte son ton, son énergie, son regard pour convaincre, un humoriste adapte sa voix, son rythme, sa posture pour déclencher un rire. Et Kev Adams, qu’on le veuille ou non, maîtrise ça à la perfection. Il tient son public. Il occupe la scène. Il livre.


L’humour, c’est aussi un contexte

Dernier point, peut-être le plus profond. Ce changement de regard sur Kev Adams, ce n’est pas qu’une affaire de sketch. C’est une affaire de contexte.

Quand un artiste est critiqué dans un environnement, il peut passer des années à essayer de changer cette perception – sans succès. Ce que fait Kev ici, c’est qu’il change de scène. Il quitte un contexte hostile, va là où il peut être jugé sur pièce. Et là, tout à coup, les critiques tombent. Les applaudissements arrivent. Puis les anciens détracteurs changent d’avis. Parce que d’autres valident à leur place.

🧠 Leçon à retenir : ne cherchez pas toujours à convaincre ceux qui ne vous aiment pas. Créez un nouveau contexte. Déplacez-vous. Repartez de zéro si nécessaire.

En conclusion

Kev Adams n’est pas devenu un autre. Il a simplement mieux utilisé ses forces dans un nouveau cadre. Il a changé de public, changé de langue, changé de personnage. Et ça fonctionne. Pas parce qu’il est plus drôle – mais parce qu’il est mieux aligné avec son format.

Et toi, si tu veux développer ton humour :

  • Choisis ton personnage
  • Joue avec tes intonations
  • Appuie-toi sur une vérité simple
  • Exagère juste ce qu’il faut
  • Incarne ce que tu dis
  • Et surtout, choisis le bon contexte

Parfois, la meilleure blague de ta vie… c’est simplement de changer de scène.

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